En parcourant les registres : “passer le pont”

Chronique : En parcourant les registres

(Nous remercions la Municipalité pour nous avoir ouvert ces archives qui permettent d’espérer d’autres chroniques).

Les registres des délibérations municipales montrent bien sûr la surface des choses, des dossiers. Ils mijotent avant d’être mis à l’ordre du jour, renvoyés en commission éventuellement avant de revenir pour décision. Mais le grand avantage est de pouvoir suivre l’évolution d’année en année de certains dossiers..

Commençons par le pont sur l’Aveyron, ce pont médiéval qui maintenant relie la ville et le chemin de fer. Cliquez sur les vignettes pour les agrandir.Vous pouvez télécharger le document au format word en haute définition, ce qui peut être utile pour les images faites à “main levée”.

Chronique du pont SANV

“Passer le pont”

3 dates 

1862 : un réverbère allumé jusqu’au passage du dernier train.

« sur la proposition d’un membre [du conseil municipal], M. le Maire est invité à faire des démarches auprès de la Compagnie du chemin de fer d’Orléans pour obtenir que la Compagnie place un réverbère au bout du pont (…) jusqu’après le passage du dernier train du soir. »

Rappelons qu’à cette époque, l’éclairage se fait à l’huile d’où l’importance de l’allumeur de réverbère.


Relire « Au temps des lampes à huile (l’éclairage urbain), Cl. de Saint-Martin, Bulletin 1990 de la SAVSA;

16 novembre 1864 Vœu pour l’élargissement du pont

En 1866, les travaux ne sont pas réalisés car la dépense est importante. Le conseil municipal estime que le coût doit être supporté par le conseil général. L’administration des Ponts et Chaussées entendait laisser 1/4 de la somme totale à la charge de la commune.

En même temps, un membre du conseil municipal se plaint des ordures déposées dans les encoignures [refuge pour les piétons] du pont. Le maire s’en désole, mais remarque qu’aucune mesure réglementaire ou de police n’est efficace car les ordures sont déposées de nuit. Il suggère que l’on ferme le pont la nuit mais l’administration n’a pas répondu à sa requête.



6 avril 1873 Abaissement du pont

Le trafic routier augmentant, notamment avec l’exploitation des phosphates qui sont expédiés par chemin de fer, le souhait est d’abaisser le pont et de supprimer son profil médiéval, pour faciliter la circulation.

« Le conseil, considérant que si l’élargissement du pont est une chose d’une utilité incontestable et consacrée par l’administration, il faut reconnaître aussi que la suppression d  la pente de 6 centimètres 1/2, [au mètre, soit 6,5 %] au moyen de l’abaissement de l’arche du milieu n’est pas moins nécessaire ; que cette réparation est le complément indispensable de la première ;

Vue imaginaire du pont sur l’Aveyron par le peintre Fauconnier – Carte postale éditée lors du salon de 1912

Considérant qu’elle importe peu à l’embellissement de la ville mais qu’elle importe essentiellement à la circulation de la route départementale n° 5 dont le pont fait partie : que l’importance de cette route est accrue par l’établissement de la gare du chemin de fer, pour la fréquentation continuelle des voitures employées au transport des voyageurs et des marchandises, que l’exploitation des carrières de phosphates dont les transports se font par des chargements du poids de 200 quintaux, suffisent à justifier la suppression de [l’arche – illisible] et la dépense de cette réparation sans que la commune de Saint-Antonin eût à y participer. »

La commune, est-il expliqué, a une dette de 50 000 francs due à la construction de l’église, mais qu’elle peut espérer des remboursements des frais de la garde mobilisée : elle veut donc montrer tout l’intérêt qu’elle attache à ce projet qu’elle approuve, et vote donc une participation de 3000 francs.

 


10 août 1873 : des conséquences inédites des travaux d’abaissement du pont : retour au gué et au bac !

Pendant les travaux de modernisation du pont, la circulation est interrompue : le maire s’inquiète donc des échanges entre la ville et la rive gauche, c’est-à-dire avec la gare et la fontaine (de Bouteilhou).

Il fait donc « aménager le gué qui se trouve au-dessous de la chaussée du Gravier pour le passage avec charrettes, qu’il a organisé un service avec bateaux au-dessous de la promenade des acacias au moyen d’une subvention promise à celui qui a entrepris ce service. »  (…)

«Le conseil reconnaissant l’utilité des mesures prises par M. le maire vote le crédit de 100 francs. »

C’est en quelque sorte le retour aux sources. L’archéologie à Poitiers a montré qu’en plus du pont médiéval (qui était à péage), subsistait le gué pour les plus pauvres et les troupeaux. Vraisemblablement, à Saint-Antonin le passage par le gué a dû durer assez longtemps, puisque le maire le fait aménager pour le remettre en service. Quant au service de bateaux ou un bac, il existe aussi de vieilles traditions, ici ravivées.

L’emplacement exact de ce gué reste à préciser.

D. Perchet

PS : vous trouverez davantage d’information dans l’Abécédaire de Michel Ferrer (article “pont”).

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