Après la conférence sur Jean XXII : un cardinal saint-antoninois (Pierre Le Tessier) et son chapeau

Le hasard fait bien les choses, dit-on. En sa conférence du 24 juillet 2020, Emmanuel Moureau a évoqué les liens entre le pape Jean XXII, de Cahors, et d’autres quercynois qui ont  accompagné son ascension et sa réussite. Parmi les noms, il y a un saint-antoninois, Pierre Le Tessier qui avait  aussi réussi et fait des générosités : dans l’abbatiale, son tombeau (détruit) et un hôpital qui se trouvait rue de l’Hospitalet (et qui était plus modeste que l’Hôpital majeur  (détruit aussi au moment des guerres entre protestants et catholiques.

Dans un autre registre, nous avons entrepris de photographier toutes les sculptures de l’église paroissiale et nous avions vu une sculpture qui nous avait laissé perplexe. La réponse vient de Michel Ferrer, qui dans son Abécédaire (tome 13, page 86) évoque la vie du cardinal et signale qu’il est honoré par un “chapeau de cardinal” dans la pierre. 

Ces trois éléments épars sont donc réunis Merci à Emmanuel Moureau et Michel Ferrer.

Texte de Michel Ferrer

TEXTORIS Pierre ou Le Tessier Voir aussi à Prieurs-mages, vol. 10, page 19

Né à Saint-Antonin, Pierre Le Tessier fut un cardinal membre de l’ordre des Augustins.

En 1317, il est nonce apostolique en Sicile, puis vice-chancelier de la Sainte-Église (1318).

Il est prieur puis, en 1318, abbé de l’abbaye Saint-Semin à Toulouse.

Il est créé cardinal par le pape Jean XXII lors du consistoire du 20 décembre 1320.

Il décède en Avignon au mois d’avril 1325.

Son titre cardinalice était : cardinal-prêtre de San Stefano al Monte Celio.

En souvenir de cet illustre Saint-Antoninois, M. l’abbé Salers, créateur de l’église actuelle, fit sculpter un chapeau de cardinal sur un des modifions de la chapelle de la Vierge, dans notre église paroissiale.
 
Voici l’état actuel en 2020 de cette sculpture : cul-de-lampe (Photos DP)

Texte de l’abécédaire volume 10 page 19

” 1 4 -Pierre TEXTORIS

ou Le Tessier (Le Teyssier)

Saint-Antonin : 13ème siècle Avignon : Avril 1325

En 1271, le prieur-mage du monastère de Saint-Antonin en Rouergue fait construire un hôpital qui, en 1282, porte le nom d’hôpital de la Porte Saint-Pierre*

* Pour atténuer les misères causées par la peste ou les mauvaises récoltes, les œuvres de charité et d’assistance occupaient une grande place au Moyen Âge. Aussi il se construisait de nombreux hôpitaux. À Saint-Antonin ils avaient pour nom : Hôpital de las Treilles ou de la Porte-Merveille ou des Portes-Merveilles, Hôpital Vieux ou Hôpital de Saint-Antonin ou Hôpital Majeur ou Maison-Dieu, Hôpital Neuf de Saint-Benoît. Il semblerait que l’Hôpital Vieux soit le même que l’Hôpital Theyssère fondé par Pierre Textoris.

 En 1317, il est nonce apostolique en Sicile. Puis il devient vice-chancelier de la Sainte-Église. En 1318, il est nommé abbé de Saint-Sernin à Toulouse après en avoir été prieur. Par la suite, il devient légat de la Cour de Rome auprès de plusieurs princes chrétiens.

Ami de Jean XXII, pape en Avignon, il est élevé à la dignité de cardinal lors du consistoire du 20 décembre 1320, sous le titre de Saint-Etienne au mont Cælius (San Stefano alMonte Celio).

En 1322, il fonde à Saint-Antonin un nouvel hôpital – connu sous le nom d’hôpital Theyssère ou Le Teyssier – qui sera brûlé en 1575 par les calvinistes, alors que son buste de bronze sera fondu pour récupérer le métal.

Il fait ajouter une chapelle – dite “La prébendière” ou del Cardénal, à l’église collégiale.

Guilhem de Valentrès, riche et pieu marchand de Saint- Antonin, lègue à cette chapelle la somme de 4 deniers, qui est payée par Jacme de Cascari, son légataire universel, suivant une quittance reçue par Arnaud de Cabanes, notaire, le 26 octobre 1334.

Le cardinal Pierre Textoris devient chancelier de l’Église romaine quelques temps avant de décéder en Avignon au mois d’avril 1325.

L’article paru dans les Échos n° 20, sous le titre « Les grandes figures saint-antoninoises à travers les siècles » complétera celui qui précède. Il nous apporte, en tous cas, quelques renseignements com­plémentaires. C’est pourquoi nous le donnons ci-après. On verra que quelques dates ne correspondent pas.

Pierre TEXTORIS, LE TESSIER, Cardinal (Échos n° 20)

« Pierre Textoris ou Le Tessier naquit à Saint-Antonin, dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Quel rôle jouait sa famille dans le pays ? Quels ont été ses maîtres ? Question que nos recherches ne nous   ont  pas  permis d’élucider . Ce que nous savons, c’est que Pierre  Le Tessier fut prieur et prévôt de l’église de sa ville natale, et qu’il devint abbé de Saint-Sernin de Toulouse.

Jacques Deuze, cardinal évêque de Porto, qui était de Cahors, avait pour lui une grande amitié. Deuze monta sur le trône pontifical le 7 août 1316, et prit le nom de Jean XXII. Son élection n’amena aucun changement dans ses rapports avec  Le Teissier, car  il  appréciait le caractère  et le savoir de l’abbé de Saint-Sernin de Toulouse.

Parce qu’il animait tout du souffle de son génie et que son action était universelle, il ne vit aucun inconvénient à laisser dans le comtat Vénaissin, à Avignon, la tente qu’y avait dressée son prédécesseur.

(…) En 1317, une conspiration fut ourdie contre Jean XXII et quelques cardinaux.Les conjurés tentèrent d’abord de les empoisonner ; leurs tentatives échouèrent. (…) Le Pape écrivit à Pierre le Tessier. Voici un fragment de la lettre, qui est à la date de 1317 et porte le cachet de l’époque :

“Les magiciens Jacques, dit Brabançon, Jeand Amant, médecin, ont préparé des breuvages pour nous empoisonner, nous et quelques cardinaux nos frères, et n’ayant pas eu la commodité de nous les faire prendre, ils ont fait des images de cire sous nos propres noms pour attaquer notre vie en piquant ces images. Mais Dieu nous a préservés et a fait tomber en nos mains trois de ces images diaboliques”.

Peu de temps après, le Pape appela Pierre Le Tessier à la cour d’Avignon , et en fit son chapelain et son homme de confiance. Le Tessier se montra à la hauteur de son rôle. En 1315, la guerre s’était rallumée entre Naples et la Sicile. Frédéric, roi de ce dernier pays, avait fait alliance avec Henri VII. La mort de cet empereur le laissa seul en face de ses ennemis. Bientôt, cependant, une trêve fut conclue.

Aussitôt après l’expiration de la trêve, Frédéric reprit les hostilités. Il avait projeté une expédition contre Naples ; mais le Pape Jean XXII intervint. En 1317, il envoya en Sicile, en qualité de nonces, l’évêque de Troyes, Etienne, abbé de Saint-Maximien, et Pierre Le Tessier, afin d’engager Frédéric à renoncer aux hostilités et à retirer ses garnisons de Reggio et de toutes les places de la Calabre. La mission dont étaient chargés les deux nonces aboutit par l’habileté de Le Tessier. Une nouvelle trêve de trois ans conclue le 20 juin 1317, et Frédéric céda Reggio et les petites possessions qui, en Calabre, s’y rattachaient. Jean XXII n’oublia pas le principal négociateur de cette affaire à laquelle il s’était vivement intéressé. À la promotion de 1320, le 19 décembre, il créa Le Tessier cardinal-prêtre du titre de Saint Étienne in Cœlio monte. Peu de temps après,il le nomme chancelier de l’Église Romaine. Dans son élévation Le Tessier se souvint de sa ville natale. Il y fonda, en 1322, un hôpital qui fut brûlé en 1575, par les Calvinistes. Il mourut en Avignon en 1327. En souvenir de cet illustre Saint-Antoninois, M. l’abbé Salers fit sculpter un chapeau de cardinal sur un des modillons de la chapelle de la Vierge, dans notre église paroissiale ».

Sources pour cette notice :

– M. de Lastic, Gazette n° 2 – Déc. 1971.
– Bulletin de la Société des Amis du Vieux Saint-Antonin, 1998, p. 53.
– François Moulenq, Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne. Echos de Noble-Val n° 20.

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